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Babillard
LA NÉCESSITÉ DU CHANGEMENT

Le Conseil supérieur de la langue française est heureux de présenter ce premier numéro de FrancoScope, un tout nouveau bulletin d'information électronique. Plusieurs raisons ont motivé le changement de format de notre bulletin habituel, dont nous avons publié le dernier numéro imprimé en juin 2008 (vol. 24, no 1). La nécessité d'augmenter la fréquence de parution de nos nouvelles, de même que notre volonté de réduire l'utilisation du papier et les coûts d'impression et de distribution ont été des facteurs clés dans la réorientation de cet outil de communication. Nous espérons vivement que vous éprouverez du plaisir à consulter ce nouveau bulletin que nous vous proposons. Nous comptons également sur vous pour nous faire part de tout commentaire susceptible d'en améliorer la forme ou le contenu.
Outre la création de FrancoScope, au cours des derniers mois, le Conseil a été particulièrement actif, car les fêtes entourant la célébration du quatre centième anniversaire de Québec ont encouragé la tenue dans la ville de plusieurs activités ayant trait à la langue française. C'est ainsi que nous avons participé, entre autres, au congrès de la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF) et à l'École d'été de l'Institut du Nouveau Monde (INM). Nous avons de plus organisé la rencontre annuelle des organismes linguistiques de la Belgique, de la Suisse, de la France et du Québec, suivie d'un colloque portant sur le thème de la variété linguistique en français.
Toutefois, nous avons consacré la plus grande partie de notre énergie à la préparation d'un avis en réaction à la parution du rapport de l'Office québécois de la langue française, en mars 2008. Intitulé Le français, langue de cohésion sociale, cet avis a été rendu public le 26 juin. L'opinion du Conseil, qui porte sur les deuxième et quatrième chapitres du Rapport sur l'évolution de la situation linguistique au Québec 2002-2007 de l'Office québécois de la langue française, y est présentée clairement; les zones d'intervention possible sont mises en évidence de même qu'un ensemble de mesures correctives.
L'avis Le français, langue de cohésion sociale propose un projet de société qui vise la promotion de la langue française au Québec, sa maîtrise et la progression de son usage public par tous les Québécois. Plus particulièrement, il soutient l'idée que l'intégration sociale des immigrants est indispensable au développement d'une société francophone en Amérique du Nord, au Québec. À l'importance que la société d'accueil accorde à l'immigration pour l'avenir du Québec doit correspondre un effort de même niveau de l'État et de la population québécoise pour l'aboutissement de ce projet social. Cet effort doit, d'une part, s'appuyer sur une transformation de l'école québécoise dans son rôle de francisation et d'intégration; d'autre part, il ne peut vraiment produire ses effets que s'il ouvre l'accès au réseau social qu'est le monde du travail, là où les efforts de francisation doivent se voir récompensés.
La réussite d'un tel projet passe, on l'imagine facilement, par de nouvelles façons de faire et par une concertation qui met à contribution la volonté et l'expertise de toutes les composantes de la société québécoise, de l'État jusqu'à l'école et l'entreprise. Ce sont là les conditions d'une intégration sociale réussie des immigrants et d'un élargissement de l'usage du français dans le monde du travail. Il est utile de préciser que ces réflexions valent tout autant pour l'ensemble des composantes de la société québécoise.
Le Conseil tient tout particulièrement à insister sur les obligations qui incombent à la société d'accueil; il estime, en effet, qu'il est illusoire de croire que l'incitation à la francisation des immigrants ait des chances de réussir si la société québécoise ne remplit pas adéquatement sa partie du contrat moral. Nous reprenons les propos que nous avons tenus devant la commission Bouchard-Taylor en décembre 2007 : « [...] la primauté accordée au français exige que l'État s'assure que les immigrants puissent vivre dans un environnement qui les incite à utiliser le français partout dans l'espace public. Le français ne peut pas être réellement la langue commune de la sphère publique s'il n'est pas, sans conteste, la langue normale et habituelle du travail; et, dans ce domaine, d'importants progrès restent à faire.»
Le titre de l'avis, Le français, langue de cohésion sociale, met enfin en évidence une prise de position nette du Conseil. L'objet premier de réflexion du Conseil n'est pas la langue française en tant que telle, mais plutôt la recherche de cohésion sociale par le vecteur de la langue française que l'on souhaite voir partagée par l'ensemble de la nation québécoise dans les manifestations de la vie publique.