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Apprenez-en davantage sur les membres du Conseil supérieur de la langue française
Entrevue avec James Archibald (JA), membre du Conseil supérieur de la langue française (CSLF)
CSLF : En quelques mots, pouvez-vous nous décrire votre parcours professionnel?
JA : Médiéviste de formation, j’ai entrepris ma carrière d’enseignant à l’Université du Québec à Montréal, où j’ai donné un cours sur la langue et le style du XVIe siècle. Par la suite, après avoir terminé mon doctorat, j’ai poursuivi l’enseignement à temps partiel, tout en me mettant au service du milieu des affaires et du parapublic. Mais la langue était toujours dans la mire, car, outre mon travail de rédacteur et de réviseur dans des maisons d’édition, j’ai pu mettre sur pied des services de traduction dans plusieurs organisations, notamment le Congrès juif canadien et le précurseur de l’Ordre des comptables en management, devenu aujourd’hui l’Ordre des comptables professionnels agréés (CPA). En 1985, j’ai réintégré l’université. Mon enseignement reflète le lien entre la langue et le monde du travail. Aujourd’hui, j’occupe le poste de vice-doyen aux études à l’École d’éducation permanente de l’Université McGill, où je dirige également l’Unité de formation en traduction et communication écrite et le Centre d’examen du diplôme d'études en langue française (DELF) et du diplôme approfondi de langue française (DALF) pour le Québec. Mes recherches se focalisent essentiellement sur la traductologie, la communication et la glottopolitique.
CSLF : Selon vous, quels sont les enjeux relatifs à la présence grandissante de l’anglais dans les communications électroniques mondialisées?
JA : La mondialisation est un phénomène incontournable dans les relations scientifiques, culturelles, commerciales et même personnelles. Connectés que nous sommes, il n’y a pas d’échappatoire. Il s’ensuit qu’une langue d’intercommunication à grande diffusion émerge. En l’occurrence, il s’agit d’un certain anglais que nous convenons d’appeler la lingua franca, qui n’est parlée par aucun natif, mais qui s’utilise à tout bout de champ dans les échanges entre commerces, gouvernements et institutions, et ce, malgré les efforts concertés des politiques linguistiques conçues pour baliser l’usage d’autres langues à grande diffusion1. Malgré son utilité, l’emploi abusif et envahissant de cette lingua franca, surtout dans le contexte de langues voisines comme le français et l’espagnol, entraîne des pertes cognitives et un appauvrissement des ressources linguistiques qui influencent de manière négative la créativité et l’expression de la pensée. Bien que la lingua franca soit utile et pratique, nous devons rester vigilants et promouvoir la compétence dans les langues naturelles de façon à ne pas réduire la capacité de production linguistique et cognitive de ceux et celles qui se servent normalement de ces langues. C’est en grande partie pour cette raison que des organisations gouvernementales et intergouvernementales régissent l’emploi des langues dans les communications tant nationales qu’internationales.
1. Voir James ARCHIBALD. « Preface », dans Ayseli USLUATA (dir.), Communication: Spanning Cultures, Change and Challenges, Istanbul, Yeditepe University Press, 2008, p. 7-13.
Entrevue avec Guillaume Marois (GM), membre du Conseil supérieur de la langue française (CSLF)
CSLF : Comment s’est développé votre intérêt pour la démographie?
GM : Aussi étrange que cela puisse paraître, mon intérêt pour la démographie remonte à l’enfance. J’ai su que je deviendrais un démographe dès que j’ai appris le mot. Pendant que mes amis lisaient des bandes dessinées, je me régalais des profils démographiques des pays du monde présentés dans les encyclopédies. C’est davantage qu’une passion pour les chiffres. Au fil des années, j’ai été fasciné par l’étude des populations humaines, de leur taille, de leur composition et de leurs processus de renouvellement. J’ai compris comment la démographie et les données démographiques pouvaient constituer des vecteurs remarquables de compréhension et d’analyse des phénomènes sociaux, des sociétés en général. Par conséquent, la discipline est au cœur d’à peu près tous les enjeux politiques, sociaux, économiques et environnementaux. Elle fait appel à d’autres disciplines, dont les statistiques, la sociologie, l’économie et la géographie humaine. Elle ouvre ainsi des horizons très variés et est fortement orientée sur l’empirisme. D’aucuns la considèrent comme la plus objective des sciences sociales.
CSLF : Quels sont les enjeux démographiques auxquels le Québec fait face à l’heure actuelle?
GM : Le vieillissement de la population est sans contredit l’un des enjeux démographiques les plus préoccupants. Ce phénomène soulève des inquiétudes. L’augmentation de la proportion de personnes âgées au sein de la population risque d’impliquer des coûts sociaux plus importants. Par exemple, en matière de santé, il y a lieu de s’attendre à ce que ce vieillissement démographique engendre une pression importante sur les finances publiques alors qu’on est déjà aux prises avec une dette importante, dans un contexte où une proportion réduite de personnes sera en âge de travailler et pourra potentiellement contribuer à la production de richesse. À mon avis, chercher à contrer le vieillissement serait toutefois contre-productif, car le phénomène est inéluctable et irréversible : sa vitesse et son ampleur sont en grande partie prédéterminées par les événements démographiques des dernières décennies. Il vaut mieux chercher à s’adapter en conséquence afin d’assurer une qualité de vie aux futurs aînés tout en restreignant autant que possible les iniquités intergénérationnelles.
Un second enjeu démographique important pour le Québec concerne son avenir en tant que société distincte, dont l’orientation est incertaine. Certaines questions devraient être posées. Combien voulons-nous être? Quelle place devrait avoir le français dans la société? Les réponses données à ces questions peuvent parfois entrer en conflit, car la dynamique démographique actuelle ne permet pas une croissance soutenue de la population (qui se ferait nécessairement par l’immigration dans un contexte de sous-fécondité) sans accepter un déclin du français. Un arbitrage délicat entre les différentes aspirations du Québec devrait s’imposer, à la suite d'une réflexion collective approfondie. Je crois à cet effet que de se doter d’une politique nationale de population serait fort pertinent.
Entrevue avec Éric Poirier (EP), membre du Conseil supérieur de la langue française (CSLF)
CSLF : Qu'est-ce qui vous amené à vous intéresser aux droits linguistiques?
EP : Cet intérêt est profondément enraciné en moi. Il remonte à mon enfance. J'ai grandi en Ontario, dans une communauté franco-ontarienne. J'ai fait mes études primaires et secondaires en français en Ontario et j'ai obtenu mon premier diplôme universitaire d'une université ontarienne offrant des cours en français. Mon expérience m'a fait prendre conscience de la fragilité de la langue française au Canada et de certaines communautés qui la parlent. Arrivé à Montréal au début de la vingtaine, quelle ne fut pas ma surprise d'observer ici également les tendances que je croyais réservées aux seuls territoires où les francophones avaient été historiquement minoritaires! Mon intérêt pour les droits linguistiques, dans une perspective comparative et historique, a grandi au fil du temps pour devenir une passion.
CSLF : Quelles sont les principales problématiques de vos recherches?
EP : Au centre de mes recherches se trouve l'étude de l'espace législatif dont dispose la politique linguistique du Québec dans le cadre du droit constitutionnel canadien. Naturellement, la compréhension de l'évolution législative de la Charte de la langue française en est le principal indice. J'étudie donc présentement les modifications apportées à la Charte de la langue française et leurs effets sur la portée de l'objectif de la loi qui est de faire du français la langue officielle et commune du Québec.
Restez à l’affût! D’autres entrevues avec des membres du CSLF seront publiées dans les prochains numéros de Francoscope.