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La cohésion sociale, l'affaire de tous!
Les débats linguistiques qui animent régulièrement la vie politique au Québec mettent en évidence l'importance que revêt la question du français. Ils rappellent du même coup que cette langue et le sort qu'on lui réserve demeurent au coeur des préoccupations de notre société et continuent de soulever les passions. En témoignent les récents débats sur la question de l'accès à l'école anglaise, dont l'aboutissement fut l'adoption du projet de loi 115.
Comment peut-il en être autrement? C'est la langue française qui fait du Québec une société particulière, voire originale. C'est cette langue qui marque notre production culturelle, notre thé-tre, notre cinéma, notre littérature. C'est elle aussi qui a façonné notre tradition universitaire, notre façon de voir la politique, la société, la linguistique, l'éducation. Son existence, son usage, maintiennent et structurent l'originalité du Québec, sa vision du monde. Elle est en bonne partie responsable de notre caractère distinct, par le seul fait que le reste du continent ne la partage pas.
Il est indéniable que la situation de la langue française au Québec s'est nettement améliorée depuis l'avènement des législations linguistiques, particulièrement de la Charte de la langue française. Les inégalités socioéconomiques entre les groupes linguistiques se sont en bonne partie résorbées; les enfants des immigrants vont à l'école française; les travailleurs évoluent davantage en français dans leur milieu professionnel; une forme de « modus vivendi » s'est établie, qui demeure toutefois fragile.
Les diverses politiques gouvernementales et, au premier chef, les politiques linguistiques peuvent encore être améliorées et rendues plus efficaces et mieux adaptées à une société en mutation constante. Les recommandations de notre avis Le français, langue de cohésion sociale (2008) allaient dans cette direction. On note toutefois que, s'agissant de modifications législatives en matière linguistique, la marge de manoeuvre devient de plus en plus mince dans un contexte où on remarque une tendance internationale au renforcement des garanties reconnues par les diverses chartes des droits et libertés. Une bonne partie de l'argumentation du gouvernement du Québec pour refuser l'assujettissement des écoles privées non subventionnées à la Charte de la langue française, ainsi que le recommandait le Conseil supérieur de la langue française dans son Avis sur l'accès à l'école anglaise à la suite du jugement de la Cour suprême du 22 octobre 2009, repose d'ailleurs sur le sens qu'il donne aux droits garantis.
Il devient alors de plus en plus important de considérer d'autres avenues que les seuls aménagements législatifs dans une stratégie de développement de l'usage du français au Québec.
Notamment, la persistance et la propagation de plusieurs clichés ou préjugés sont de nature à nuire à la promotion du français comme langue commune au Québec. Certains ont trait à la société québécoise francophone, d'autres touchent plutôt la langue française et l'usage qu'on en fait au Québec.
Premier préjugé : l'anglais est la seule langue d'ouverture sur le monde
Le Québec est trop souvent présenté comme une société où la langue française est une contrainte, une obligation inutile, la marque d'une fermeture sur le monde extérieur. Certains débats sont consternants. Comment peut-on affirmer lourdement que la connaissance de l'anglais équivaut automatiquement à une ouverture sur le monde? Comment peut-on laisser entendre que la Charte de la langue française « condamne » les Québécois francophones ou les enfants des nouveaux arrivants au monolinguisme français? L'État québécois a osé choisir le français comme seule langue officielle, certes, mais il a toujours encouragé et soutenu la connaissance d'autres langues et, au premier chef, de l'anglais, dont il a fait une matière d'enseignement obligatoire à l'école. Le français n'est pas un obstacle à la promotion sociale, pas plus qu'il n'entrave la réussite professionnelle. Bien au contraire, sa connaissance et sa maîtrise sont la clé d'une intégration réussie et permettent de contribuer efficacement au développement d'une société dynamique.
Second préjugé : le français est une langue réservée à l'élite
Périodiquement, des vagues de critiques s'abattent sur la pauvreté de la langue française en usage au Québec. Ce n'est évidemment pas de nature à soutenir sa promotion. Que la langue française soit difficile à maîtriser, soit! Partout dans la francophonie, y compris tout récemment dans les universités françaises, on ressent la nécessité d'offrir des cours de perfectionnement en français écrit. Des centaines de milliers d'écoliers sont pourtant déjà parvenus à une certaine maîtrise du français. On peut espérer que les efforts du milieu de l'éducation finiront par porter fruit. Il faut surtout cesser de répandre cette idée que le français est une langue réservée à l'élite, que cette langue n'est constituée que d'exceptions! C'est un discours peu rassurant sur un continent qui baigne, pour une bonne part, dans la culture anglo-américaine portée par une langue qui a la réputation d'être facile à apprendre et à utiliser et qui « garantirait » de surcroît l'ouverture sur le monde... Quoi qu'il en soit, l'atteinte d'une plus grande maîtrise de la langue, orale et écrite, ne peut que faciliter la promotion du français au Québec.
En définitive, l'avenir du français au Québec ne repose pas entièrement sur l'application de la politique linguistique et n'est pas la responsabilité exclusive des organismes gouvernementaux. Il doit également s'appuyer sur un message clair quant aux avantages que peut offrir une société de langue française en Amérique. Il faut mettre en évidence les atouts qu'offre un Québec français.
La cohésion sociale est l'affaire de tous
Il reste un autre sujet de réflexion. On l'a déjà signalé, il y a des limites au rendement des politiques linguistiques, d'une part, et à ce que peuvent accomplir les divers organismes qui oeuvrent dans le champ couvert par la Charte de la langue française, d'autre part.
« Le rôle que peuvent jouer les individus quant à la construction d'une cohésion sociale autour d'une langue commune est important et n'est pas toujours assujetti à un encadrement légal ou réglementaire. Un espace de liberté demeure et doit demeurer. Au chapitre de l'avenir du français, chaque citoyen a sa part de responsabilité. La somme des comportements linguistiques de tout un chacun influence grandement le destin de la langue commune. Il s'agit bien des comportements de l'ensemble de la population, notamment des francophones. La précision est importante, puisque ces derniers semblent avoir parfois tendance à mettre l'avenir du français sur les seules épaules des immigrants.
Quand les comportements et les attitudes des divers segments de la population sont en phase avec les objectifs visés par les politiques publiques, l'atteinte de ces objectifs est presque garantie. On voit ici la nécessaire complémentarité des actions de l'État et des citoyens. Au Québec, la force du français repose sur une politique linguistique ambitieuse et solide, cohérente et bien appliquée, oui. Mais elle repose aussi sur la valeur que lui accordent les citoyens. »1
1 Extrait de la conférence de Robert Vézina intitulée « Le rôle des attitudes et des comportements dans la construction d'une cohésion sociale autour d'une langue commune au Québec », présentée à Neuch-tel (Suisse), le 20 octobre 2010, lors du Colloque OPALE « Langue et cohésion sociale ».