

-
Mot du président
-
Les échos du conseil
- Twitter et l’enseignement du français au secondaire : une entrevue exclusive avec Annie Côté
- Causerie Le français, langue commune au Québec. Défis et enjeux
- Prix médias : Ne gardez pas la langue dans votre poche!
- RAPPEL : concours Le français au Québec, j’y contribue!
- Remise de l’Ordre des francophones d’Amérique, du Prix du 3-Juillet-1608 et du prix littéraire Émile-Ollivier
-
Études et recherches
-
Actualités linguistiques
-
Nouvelles publications
-
Babillard
- Le Forum mondial de la langue française lance un appel à contribution
- Atelier Dialogues de Louisiane : un plan d’action pour le maintien et la promotion de la langue française
- Le Triathlon du français reprend sa course!
- 2e Colloque international sur l’enseignement du français langue étrangère
- Appel de textes pour le 28e Prix du jeune écrivain
- Premier volet du colloque international Le français et la construction discursive du concept de « francophonie » dans l’espace francophone
- Colloque sur les 25 ans de la Loi sur les services en français de l’Ontario
-
Appel à communications
Colloque de la SIHFLES 2012 : Grammaire et enseignement du français langue étrangère et seconde
Twitter et l’enseignement du français au secondaire : une entrevue exclusive avec Annie Côté
Au printemps 2011, Annie Côté, une enseignante de français en cinquième secondaire de l'école secondaire Saint-Pierre et des Sentiers, de l'arrondissement Charlesbourg de la ville de Québec, a proposé à ses élèves de rédiger huit devoirs sur la plateforme Twitter, à raison d'un devoir par semaine. Ces devoirs devaient, comme l'impose le site de microblogage, comporter au maximum 140 caractères, incluant la ponctuation et les espaces. Chaque devoir devait également respecter un thème précis, lequel différait chaque semaine.
Au terme de cette première expérience, madame Côté a eu l'occasion de présenter son bilan et son appréciation du projet à quelques reprises dans les médias1. De son côté, le Conseil supérieur de la langue française (CSLF) lui a proposé de répondre à quelques questions portant sur l'usage de la langue française dans les médias sociaux. Voici un aperçu de cette entrevue exclusive.
Pourquoi avez-vous décidé d'utiliser Twitter comme outil pédagogique pour inciter vos élèves à écrire?
Chaque occasion d'inciter les élèves à lire et à écrire doit être saisie. La plupart des écoles secondaires doivent, ces années-ci, légiférer à propos de l'utilisation des téléphones cellulaires, que les élèves n'utilisent pas toujours à bon escient. Les élèves sont souvent tentés d'envoyer des textos à des amis dans d'autres classes, ce qui pose problème en situation d'examen, par exemple. Ces téléphones permettent l'envoi de messages de 140 ou de 160 caractères, ce qui est semblable à Twitter. Proposer aux élèves de rédiger un devoir de 140 caractères, c'est donc interpeller les jeunes dans leur habitude de communiquer de façon succincte à l'aide d'un média électronique.
Mais, au-delà de la communication, il y a ce qui s'appelle plaisamment la « twittérature », que j'ai découverte à l'automne 2010, c'est-à-dire que certaines personnes publient de courts textes littéraires sur Twitter. Deux de ces personnes, Jean-Yves Fréchette et Jean-Michel Le Blanc, ont même fondé l'Institut de twittérature comparée. Cette idée de production littéraire courte m'a fascinée, et j'ai voulu que mes élèves tentent cette expérience : c'est ainsi que j'ai eu l'idée de leur proposer la rédaction de devoirs.
Comment l'utilisation de Twitter peut-elle soutenir l'enseignement de la langue française?
Les possibilités n'ont de limites que celles de notre imagination : Delphine Regnard (@drmlj), de Mantes-la-Jolie, dans la région Île-de-France, a entre autres demandé à ses lycéens de produire et de publier des haïkus sur Twitter; Jean-Michel Le Baut (@jmlebaut)
, de Brest, a demandé à ses élèves de réécrire chacun des chapitres de L'Étranger de Camus en un seul « tweet2 ». D'autres enseignants font travailler l'argumentation ou la critique théâtrale en direct sur ce réseau.
Et ce n'est pas tout : sur Twitter, toute une communauté d'enseignants échangent à propos de leurs expériences, s'entraident et discutent de leurs pratiques. D'ailleurs, chaque mercredi de l'année scolaire ont lieu des discussions qui réunissent plusieurs intervenants du monde de l'éducation francophone. Il est possible de suivre ces discussions à l'aide du mot-clic #ClavEd (pour clavardage éducation).
Croyez-vous que l'utilisation des textos chez les jeunes a un impact sur leur manière d'écrire la langue française?
L'écriture de textos est uniquement, selon moi, un code différent. Exactement comme les notes de cours que prennent les étudiants ou comme l'écriture sténographique. La différence est que, normalement, la maîtrise de la langue française précède celle des autres codes, ce qui n'est pas forcément le cas avec les textos puisque les adolescents commencent très jeune à utiliser l'écriture SMS, et ce, avant même de maîtriser la langue française. Il serait pertinent de se demander si la prise de notes à l'université a un impact sur la manière d'écrire des étudiants; je crois que nous répondrions de façon négative. Mes élèves savent faire la différence entre ces codes : à 16 et 17 ans, ils ne sont plus de jeunes adolescents. Alors, la plupart d'entre eux ont déjà une bonne maîtrise de la langue française et continuent d'utiliser parallèlement le langage SMS.
Il peut sembler plus facile d'inciter des élèves à participer activement à un projet tel que le vôtre lorsque ces derniers ont de bons résultats dans les exercices et examens de français ou entretiennent un intérêt soutenu pour cette matière (ces deux aspects sont souvent intimement liés). Qu'en est-il des élèves qui manifestent peu d'intérêt pour le français ou qui éprouvent des difficultés d'apprentissage?
Ce sont justement des élèves qui manifestaient peu d'intérêt ou qui éprouvaient des difficultés qui ont montré le plus d'enthousiasme à l'égard de ce projet. Pour qu'un élève trouve un travail motivant, il doit avoir à la fois la conviction qu'il peut réussir ce travail, que ce qu'il a à faire est à la mesure de ses capacités tout en présentant une part de défi et que le projet sera utile dans son cheminement. Pour un élève qui éprouve des difficultés, une rédaction de 500 mots est beaucoup moins motivante parce que, même si le défi et l'utilité sont présents, le nombre de mots demandés représente néanmoins pour lui autant d'occasions de faire des fautes, et donc d'échouer. C'est pour cette raison qu'il est essentiel de varier les travaux et les projets proposés à l'élève, tant en longueur qu'en nature.
Quant aux élèves « plus forts », ils ont trouvé le moyen de complexifier le projet pour qu'il continue à représenter un défi pour eux et ils ont, ma foi, fort bien réussi.
Vous pouvez lire la version intégrale de l'entrevue avec madame Annie Côté, ainsi que des exemples de devoirs sur Twitter réalisés par ses élèves, dans la section Actualités linguistiques (onglet Le français dans l'actualité) du site Web du CSLF.
1. Notamment lors de la parution de deux articles de madame Daphnée Dion-Viens, chroniqueuse au journal Le Soleil.
2. L'Office québécois de la langue française recommande d'utiliser le terme neutre microbillet, qui n'est pas limité à la plateforme Twitter; voir plus loin dans le texte.